Tradition & Électronique
Tradition & électronique
Un parcours historique qui propose un regard nouveau sur la lutherie instrumentale. Le programme déroule le temps depuis l’écriture baroque jusqu’à l’invention d’aujourd’hui avec la technologie la plus actuelle. Les compositeurs choisis sont tous, pour leur époque, des inventeurs d’une nouvelle poésie musicale issue d’une inventivité d’écriture étonnante.
le programme
"Passacaille" de Heinrich Biber 1674 violon baroque
Les Sonates du Rosaire furent composées à Salzbourg et publiées en 1681. Au nombre de quinze, complétées par une Passacaille pour violon seul, dédiée à l’ange gardien, ces sonates suffiraient à elles seules à assurer la gloire de Biber tant elles constituent un monument de la littérature pour violon. Le recueil du Rosaire est un des sommets de l’œuvre de Biber.
La diversité des formes (danses ou variations), des tonalités, des accords (scordatura : accord irrégulier du violon), des rythmes, confère à cet ensemble une richesse narrative rehaussée par la force spirituelle du projet.
Expressionniste, lyrique, fervente, méditative, cette musique dite baroque autorise, derrière la gageure technique, plusieurs niveaux de lecture.
"Duo Opus 7" de Zoltán Kodály 1914 pour violon et violoncelle premier mouvement Allegro serioso, ma non troppo
Avec la sonate de Ravel, le duo opus 7 de Kodály est une œuvre incontournable, dans les rares duo pour violon et violoncelle. Dans cette singulière partition à la virtuosité redoutable, le compositeur propose une fusion insolite de deux instruments ; le violon, connu pour sa vélocité et son éclat, le violoncelle, pour son intensité et sa mélancolie naturelle. Utilisant de nombreux et spectaculaires modes de jeu pour l’époque, l’oeuvre, d’une extrême liberté mélodique et rythmique, demeure l’une des plus fascinantes composées pour cette formation. Oeuvre tour à tour mélancolique et virtuose, ce duo fut composé au moment de la déclaration de guerre, en 1914. Il use d’une écriture très virtuose pour les deux instruments, abondant d’effets et de modes de jeu, ainsi qu’une grande liberté dans le traitement formel. L’influence de la musique des tziganes hongrois s’y fait sentir. Ce duo comporte originellement trois mouvements : Allegro serioso, ma non troppo ; Adagio ; maestoso e largamente, ma non troppo lento
"Fogg" 2014 de Lorenzo Bianchi Hoesch violon, violoncelle, karlax et électronique
La musique est un hommage au son et au voyage ; le son, dans une conception proche de celle que Tristan Murail définit comme “harmonie fréquentielle” qui anime toute la pièce et le voyage par une dédicace dans le titre au chef d’oeuvre de Jules Verne.
Divisée en trois parties, la pièce se base sur une analyse du spectre de cinq pizz de violoncelle (préparé avec des morceaux de métal sur les cordes).
Violon et Violoncelle sont traités en temps réel de façon que le son traité soit perçu comme très lié et fortement dépendant de l’instrument acoustique. Le travail sur le timbre au niveau de l’électronique des instruments est minutieux, mais expressément minimal, pour garder un « tout » acoustique capable de dialoguer avec le karlax et son synthétiseur spectral.
Un début consacré totalement aux transitoires d’attaque et un final en contre-emploi évident par rapport aux premiers dix minutes de la pièce, ajoutent une certaine complexité et remettent en discussion les rapports internes entre les éléments.
Commande INA/GRM
Développement informatique Max/MSP Lorenzo Bianchi
"Ripples never come back" 2016 de Michele TadiniTrio pour violon, violoncelle, karlax et électronique
Ripples signifie vaguelettes, ondulations (dans le titre il y a une référence directe à une pièce de Genesis – dans la partition aussi mais un petit plus cachée dans les arpèges et dans une sorte de mélodie faite par des notes sans attaques).
Comme un caillou tombant dans l’eau communique son énergie (dans la partition les premiers pizzicato des cordes) et provoque des irradiations circulaires autour du centre, dans la partition, l’écriture se développe selon ces principes.
L’objet musical (le pizz) jeté à la fois dans les traitements électroniques et dans le processus compositionnel, progresse vers une complexification en provoquant ses propres irradiations, ses propres transferts d’énergie.
L’énergie se libère au moment de la « prise d’autonomie » des vagues, transformées en arpèges dans la partie du karlax – partie qui va conduire la pièce jusqu’à sa fin en pianissimo, avec un sorte de polyrythmie entre une valse cachée et des groupes rythmiques binaires.
Les vagues ne reviennent jamais, elles se transforment, se développent ; elles se libèrent.
Commande Studio Art Zoyd
Michele Tadini
Les artistes
Francis Faber
Formé à l’Université (Rouen) et au CNSM (Paris), il est artiste, musicien et pédagogue, et anime l’Ensemble de musique de chambre électronique Fabrique Nomade.
Depuis 1980, il privilégie le jeu électronique en temps réel, compose pour diverses formations, joue des instruments numériques (wiimote, karlax) et conçoit des installations interactives dans des lieux non conventionnels.
Il intervient dans différentes structures pédagogiques autour de la composition contemporaine, du son et de l’image animée en direct. Il initie en 2015 une série de « duos électriques », courtes pièces pour instrumentistes « augmentés » de second cycle de conservatoire.
Étienne Graindorge
Etienne Graindorge est musicien-ingénieur du son, accordeur des machines, oreille attentive aux vibrations des musiciens, laissant parler pour lui les haut-parleurs.
Nourri de musique contemporaine et de spectacles inclassables, il fait résonner les ordinateurs de l’ensemble Fabrique nomade depuis 2011, dans une musique de chambre électronique autant qu’acoustique.
Tantôt ingénieur du son, tantôt interprète électronique, il participe aux musiques performatives de l’ensemble Soundinitiative, aux créations de la compagnie Miroirs étendus, ou aux poésies marionnettiques des Anges au Plafond.
Le collectif l’Emoi Sonneur l’accueille régulièrement pour les représentations de leurs mondes électro-acoustiques, et il rejoint en 2023 le metteur en scène Benjamin Lazare dans son désir de renouveler l’écoute théâtrale par le son binaural.
Szuhwa Wu
Remarquée pour la “légèreté, la grâce et la pureté” de son jeu (New York Times), son style expressif et sa sensibilité, Szuhwa Wu crée “une tension stimulante” (Neue Zürcher Zeitung) dans son jeu qui captive son public.
A la recherche d’un renouvellement constant, elle affectionne autant l’interprétation dite historiquement informée qu’un répertoire plus contemporain. Szuhwa Wu se produit au Lincoln Center et au Miller Theater de New York, à la Philharmonie de Paris, à la Philharmonie de l’Elbe, ou encore au Théâtre National de Taipei.
Elle occupe actuellement le poste de professeur de violon et de musique de chambre au Conservatoire de Besançon
Martina Rodriguez
Musicienne à l’énergie communicative, elle affectionne la scène, les rencontres artistiques étonnantes, les musiques à risques. Son violoncelle chaleureux est au côté d’ensembles de musique contemporaine, de compagnies de théâtre, de chanteurs émergents.
Elle pratique la musique de chambre dans des configurations variées et est membre de NOMOS, ensemble de violoncelles dédié à la création qui se produit dans de nombreux festivals et collabore avec des compositeurs et compositrices d’esthétiques variées.
Elle se passionne pour le spectacle vivant, source inépuisable d’inspiration. Elle compose souvent la musique des spectacles qu’elle joue en direct, parcourant la France avec les compagnies Les Anges au Plafond, La Mécanique du Fluide, Pascal Ayerbe, Maw Maw…
Elle collabore aussi avec des chanteuses et chanteurs de musiques actuelles en particulier VASLO, artiste sensible et touchant dans de belles tournées.